L’histoire du golf de Méribel

1966 
Naissance d'un projet un peu fou

Installer un golf en altitude, il fallait oser. Celui de Méribel, le plus ancien implanté en montagne dans le département (et le premier en France au-dessus de 1 500 m d’altitude), date d’août 1966. Il est né de la volonté de Peter Lindsay, qui dirigeait la Société foncière de la Vallée des Allues (SFVA), créée 30 ans plus tôt pour développer une station de ski. Écossais et amoureux de la montagne (les Écossais sont les “alpins” de Grande-Bretagne), mais aussi golfeur passionné, il a trouvé près de la forêt de Fontany, au-dessus l’aérodrome en altitude sorti de terre cinq ans plus tôt, un terrain idéal pour installer un parcours.

Seulement quatre trous à l’origine

Tout en respectant la nature et l’architecture ancestrale, Peter Lindsay foisonnait d’idées modernes pour “sa” station, qu’il imaginait vivre autant l’été que l’hiver. Faute d’argent, il a convaincu plusieurs socioprofessionnels d’investir dans ce projet sous forme de droits d’entrée à une “Association sportive du golf de Méribel” (ASGM), alors que beaucoup n’avaient aucune idée de ce sport bizarre.

Parmi les premiers à participer en mettant la main à la poche : le maire de l’époque, Alphonse Borgey, Eugène Front, entrepreneur et président du club des sports, André Tournier, directeur technique de la station, René Beckert, ancien champion de France de slalom, Méribel Alpina, l’exploitant de remontées mécaniques, Henri Mauduit, commerçant et père de Georges (champion de ski), Gaston Chamonal, hôtelier du Grand Cœur, Nano Chappel, président de l’aéro-club et bien d’autres. L’entreprise Botto, qui a fait les travaux, n’ayant pu être payée entièrement, on lui a attribué plusieurs parts !

2005
un sacré lifting pour les 9 trous du haut

2017-2018
Travaux d'irigation et modification des trous 16 & 17

Dernier chantier d’envergure, les travaux aux trous 16 et 17 constituent une opération dont tout le monde est sorti gagnant…

Règle n° 1 : se jouer du relief Architecte, paysagiste et ingénieur agronome, Hugues Lambert a signé depuis 30 ans la plupart des golfs de stations de l’Hexagone. Il est passé maître dans la prise en compte des spécificités de réalisation d’un golf en montagne. « Il faut tenir compte de l’altitude, de la pente et du foncier disponible, composer avec des terrains parfois tarabiscotés pour donner au parcours son homogénéité. Le chic consiste à tirer parti des éléments paysagers pour que le golf s’intègre naturellement dans son environnement. » Terrassement, gazon spécial, arrosage piloté par ordinateur : la qualité du parcours suppose ingénierie et stratégie… Comme pour anticiper le ruissellement lié aux orages d’été et éviter que le golf ne soit impraticable. Opérationnel, un golf bien réalisé joue l’humilité, la conception technique s’effaçant derrière le plaisir de jeu et le respect de l’environnement.

Règle n° 2 : faire équipe Méribel Alpina souhaitait agrandir la retenue collinaire de l’Altiport pour accroître sa capacité de production de neige de culture. L’exploitant, maître d’ouvrage, a associé les acteurs du territoire et financé la quasi-totalité des travaux. Thierry Monin, maire des Allues, a piloté l’opération de main de maître. Le bureau d’études ABEST a assuré la maîtrise d’oeuvre du chantier du Lac et Hugues Lambert s’est chargé de celle du green n° 16 et du départ du trou 17. Les ouvriers aguerris dans la conduction des pelles et bulldozers de Millet Paysages ont assuré le terrassement : le shaper a réalisé un travail d’artiste sur le parcours. Le nouveau plan d’eau ne bouleverse pas le paysage et respecte le parcours.

Règle n° 3 : viser juste Un green temporaire financé par la mairie et entretenu par le green keeper Olivier Detraz a permis de poursuivre le jeu durant le chantier sur une zone plate de près de 500 m2 traitée pour devenir une pelouse alpine classique « jouable ». Désormais, le green 16 est plus grand et modelé, plus intéressant pour les golfeurs, revégétalisé avec un gazon rustique plaqué et issu de Hollande, résistant bien à l’altitude et praticable dès 2018. Légèrement écornés par l’extension du plan d’eau, les départs du n° 17 ont été agrandis, reculés et redirigés dans l’axe de l’ouverture du trou. Si les joueurs ont été gênés durant une saison, ils ne sont pas lésés.

Méribel offre un très beau parcours très diversifié, avec une partie basse physiquement difficile et une partie haute au relief plus accessible. Le parcours s’intègre très bien à l’environnement, notamment à l’automne : entre les champignons, les panoramas rares, l’accueil au top et la fréquentation limitée en arrière-saison, il devrait attirer du monde ! 

Hugues Lambert